La vie, qu'est ce? Quand on sait que notre existence n'est rien à l'échelle intergalactique, on se demande pourquoi on est, pourquoi on fait tout ça. Notre vie ne changera pas le fait que la Terre tourne autour du soleil, et aura sûrement peu d'influence au niveau de l'humanité. On cherche en vain une raison à ce que l'on fait, alors qu'au final, on vit, sans autre but que d'en trouver un, et cela se passera plus ou moins bien selon les personnes, mais au moins on aura vécu.

Je me lève, comme tout les matins, pour aller au lycée, rejoindre mes amis, les cours et tout ce qui s'en suit. Une pomme en guise de petit déjeuner, une dernière vérification de mon sac, et je pars. L'hiver étant déjà arrivé, je prend ma jolie écharpe blanche à pompoms. Après un quart d'heure de marche, je vois le manteau vert pomme de ma meilleure amie. Je l'appelle, et on entre dans l'enceinte du bahut en riant et parlant de choses futiles. La cloche sonne, et on se part en direction de la salle de maths. Le temps de faire la bise à toutes mes connaissances, et le prof commence déjà sa tirade.

Je suis très simple, et contente avec peu. J'ai un cercle d'amis assez restreint, mais je m'en contente, car je sait qu'ils me seront fidèles. Je m'en fiche d'avoir des centaines d'amis à qui je dit juste bonjour. Je préfère bien connaitre quelques personnes. Je ne suis pas non plus amoureuse, et je m'en contente très bien, en voyant les emmerdes qu'ont les autres avec ça. Je n'aime pas spécialement aller faire les magasins, jouer aux jeux vidéos est pour moi beaucoup plus passionant. J'arrive à me maintenir dans les bons élèves sans trop travailler, et je n'ai pas d'idées précises pour mon avenir. Pour une fille de 16 ans, c'est sûr, je me prend pas la tête. Je ne suis pas malheureuse, mais je ne suis pas heureuse non plus. Je prend juste la vie elle vient.

Physiquement, je n'ai rien d'extraordinaire, a part mes yeux. Ils sont très grands, et d'un bleu tirant sur le violet, entourés de longs cils naturellements recourbés. Sinon, j'ai une taille normale, une peau avec quelques boutons de temps, des petites lèvres roses, et un corps passant inaperçu. Mes cheveux sont blonds très clairs, presque blancs, donc je ne suis pas spécialement populaire, d'autant que je me fiche de l'être.

En bref, tout le monde pourrait être comme moi, et je suis comme tout le monde.

Je me lève pour aller en cours, et je retrouve ma meilleure amie, habillée toute en couleur, comme à son habitude, accompagnée de son petit copain, un mécheux blond avec des yeux verts, qui rigole tout le temps. Arriva le moment préféré de ma journée, le cours de français. Oui, j'adore le français, parce qu'on peut enfin parler de nos sentiments, et parler de notre opinion. Mais pas d'écrits aujourd'hui, je suis déçue, alors je gribouille sur mon cahier tout en discutant de sujets sans intérêt, en attendant la sonnerie.

On retrouve une amie, japonaise, fan de mangas, et ça se voit à ses habits, d'ailleurs, c'est pour ça que ma meilleure amie lui a parlé, pour son originalité. Je passe vraiment pour un alien au milieu de ce groupe de "hors norme": le beau gosse du lycée, l'otaku du lycée, l'ultra extravertie lycée, et moi, la fille qui s'habille normal, qui a un comportement normal, qui a un physique normal. Je suis anormale dans ma normalité, marrant non? La notion de normalité est vraiment ridicule, on est tous différents, pourquoi certaines personnes seraient normales, et d'autres non? Malgré tout je me trouve transparente et sans personnalité. Rien de spécial ne me passionne, et je n'ai aucune particularité, à part celle de vivre comme je le veux.

Les gens nous regarde toujours bizarrement dans la rue, mais on s'en fiche, on en rigole. On s'assume comme on est. On vit la vie telle qu'elle est, et c'est ça qui soude notre groupe, on ne se prend pas la tête. Un jour, un mec qui se la pétait à essayé de rentrer dans notre groupe, mais il ne pensait qu'à son apparence, à sortir avec une fille, à avoir de bonnes notes, très vite, on s'est détachés, et il ne nous a pas manqué. Ok, la mèche blonde est hyper populaire, mais il fait pas spécialement gaffe à son physique, il est comme ça, c'est tout. La plus chiante de notre groupe, c'est bien la bridée qui se sent mal si elle a pas un manga sur elle, mais ça n'est pas arrivé depuis des mois, et encore heureux, elle fait peur dans ces moments là.

Ce soir, on va d'ailleurs chez elle pour réviser, mais je sais très bien que nous deux on ira tout de suite sur les jeux vidéo, et les deux amoureux réviseront 10 minutes avant de se bécoter. Comme ses parents sont toujours en voyage au Japon, on squatte chez elle. C'est cool, on peut faire tout ce qu'on veut du coup. Là, par exemple, on joue tout en buvant de la bière, pendant que le couple est parti faire des choses que je ne préfère pas savoir ce que c'est. Pas moral me direz vous, mais on s'en fiche, on vit comme on veut. Au bout d'une heure, un coup de fil de mon père me décroche de mon combat pour que j’aille manger, et je pars en souriant, en pensant à la chance que j'ai d'être là, et aussi libre, en essayant de nouveau d'attraper les flocons qui tombent du ciel.

C'est là que je vois une fille que j'ai jamais vue avant. Plutôt originale. Les cheveux roses, très bien coiffés, avec pleins de boucles, un pantalon en cuir, une veste en cuir cloutée, un t-shirt rouge. Un petit peu enveloppée, mais ça la rend mignonne. Peau très blanche, joue et lèvres aussi rose que ses cheveux. Marrant, elle ressemble à Megurine Luka. Elle aussi doit se faire regarder dans la rue, elle pourrait bien faire partie de notre groupe. Je lui souris et la salue avant de rentrer dans mon jardin. Deux secondes plus tard, elle est partie.

Je monte dans ma chambre après avoir mangé le poulet et les frites, je fais mes devoirs, je passe une petite heure sur le net, puis je m'endors.  Je ne fais aucun rêve.